Par Dannica Abate, formatrice chez Ridha Cosmétiques
À une époque où les avancées scientifiques sur la génétique soulèvent les passions et bien des opinions, deux mots, avouons-le mystérieux, se fraient couramment un chemin aux oreilles des esthéticiennes :
cellules souches.
Qu’est-ce qu’une cellule souche?
Les cellules souches sont les toutes premières cellules à œuvrer au développement d’un organisme humain, animal ou végétal. Elles ont l’incroyable capacité de se multiplier et de s’autorégénérer indéfiniment dans un milieu sain; créant ainsi le sang, les os et divers tissus. Cependant, leur travail ne s’arrête pas une fois la croissance terminée. Les êtres vivants doivent être en constante régénération afin de maintenir un fonctionnement optimal. Comme certaines cellules spécialisées n’ont pas la capacité de se renouveler ou de se diviser, les cellules souches entrent en jeu une fois de plus. Elles reconstituent les cellules qui ont été épuisées ou altérées. On pourrait donc les qualifier de cellules mères, essentielles au processus de la régénération cellulaire.
On distingue 4 types de cellules souches (CS) :
- Les CS unipotentes (uni/une, potentes/puissances) donnent naissance à des cellules identiques à ellesmêmes, soit des CS kératinocytes qui ne produisent que des kératinocytes tout en ayant la capacité de s’autorenouveler constamment.
- Les CS multipotentes (multi/beaucoup, potentes/puissances) peuvent produire plusieurs modèles de cellules issues d’un même lignage cellulaire. Par exemple, des CS hématopoïétiques (sang) peuvent générer des globules rouges, des globules blancs et des plaquettes, mais ne peuvent pas développer de cellule musculaire.
- Les CS pluripotentes(pluri/plusieurs, potentes/puissances) sont actives essentiellement lors de la vie embryonnaire. À ce stade, elles peuvent se multiplier en presque toutes les cellules de l’organisme. Elles n’ont toutefois pas le pouvoir de former à elles seules un être entier.
- Les CS totipotentes(toti/toutes, potentes/puissances), également issues du stade embryonnaire, ont la capacité d’engendrer n’importe quelle cellule du corps humain, soit un individu complet. Elles sont donc plus plastiques que les pluripotentes. Une fois les différents tissus fabriqués, ces cellules se spécialisent; on parle maintenant de cellules différenciées.
Les cellules souches et la cosmétique
Leurs fonctions biologiques maintenant éclaircies, comment les CS nous aident-elles à accomplir notre travail d’esthéticienne : faire évoluer la peau de nos clientes? Il est important de mentionner que les CS ne peuvent réellement assurer leur longévité que dans un environnement sain. Or, les désormais célèbres
ennemis de la peau, stress, pollution, soleil, tabac, alcool, alimentation inadéquate (et j’en passe!) altèrent leur programmation initiale. L’objectif de l’utilisation des CS en cosmétique est donc simple : maintenir les fonctions et maximiser la durée de vie de nos cellules en protégeant leur habitat nommé «niche».
Concrètement, cela nous permet d’atteindre les objectifs suivants :
- Atténuer et retarder les signes du vieillissement à tous ses niveaux (rides, ridules, atonie, irrégularités pigmentaires)
- Protéger la peau des agressions intérieures et extérieures (toxines, stress, environnement)
- Stimuler la formation de nouvelles populations de CS, entraînant ainsi une régénération cellulaire générale
- Ralentir le processus de dégénération des fibroblastes (collagène, élastine)
- Prolonger la vitalité des cellules actuelles
- Maintenir de l’hydratation cutanée
Les cellules souches humaines
Place au débat! Il va sans dire que les CS humaines nous sont les plus bio-assimilables. Rares sont les produits qui en contiennent ayant passé les tests de la commercialisation. Aussi rares soient-ils, ils demeurent interdits au Canada. Bien évidemment, cette interdiction découle de remises en question morales et éthiques. Même si les clones de CS humaines destinés à une utilisation «X» sont développés en laboratoire, ils ont nécessairement une origine… D’où proviennent ces CS? À quelles règles doit-on se soumettre pour garantir la qualité des CS? Comment standardiser cette qualité de CS? Comment
s’assurer que les CS ne découlent pas d’organismes contaminés? Comment maintenir la viabilité des CS dans une préparation cosmétique? Que de questions dont seule la recherche saura nous éclairer de ses réponses.
Les cellules souches animales
Il n’est pas surprenant d’imaginer, avec l’ascension du végétalisme ou des mouvements de protection animale, que l’utilisation de ces CS soulève les mêmes débats et se soumet aux mêmes questionnements que l’emploi des CS d’origine humaine. D’un point de vue tristement réaliste, la production animale de
masse nous offre une raison de plus de craindre les risques de transmission de maladies.
Les cellules souches végétales
Certaines plantes ont la remarquable capacité de s’adapter à leur environnement, même aux climats les plus arides. Pensons à la rose des Alpes qui réussit à fleurir à plus de 2000 mètres d’altitude, à l’arganier qui réussit à survivre à des conditions de sécheresse des plus extrêmes, ou encore à la pomme suisse
Uttwiler Spätlauber (Malus Domestica) reconnue pour sa durée de conservation de loin supérieure à toutes les autres variétés de fruits. Cette adaptabilité réside dans leurs CS. Les CS végétales sont de type totipotentes, ce qui signifie qu’elles peuvent générer toutes les structures de la plante : racine, tige, feuille
ou fleur. Il a été démontré scientifiquement que les CS végétales sont doublement plus actives que les extraits de plante. Elles permettraient notamment de défendre les CS présentes dans la peau contre la détérioration de leur environnement. Il ne s’agit donc pas ici de remplacer les cellules souches humaines,
mais bien de les protéger pour assurer leur longévité. Mentionnons que les CS issues de végétaux sont cultivées dans des milieux stériles où les risques de transmission de maladies sont inexistants. Une solution sécuritaire, éthique et puissante pour l’avenir de la cosmétique.